juillet 22, 2011

SUR LES TRACES DU MINOTAURE..UN TEXTE FASCINANT D'ALBERT CAMUS.. " SOUS LE VENT IMPÉRIEUX NOS VOILES SONT DE FER ".."..

 J'AI TRIMBALLÉ EN EUROPE SON " CALIGULA"..-PIÈCE DE JEUNESSE , QUI POURSUIT SA ROUTE EN FAISANT LE PLEIN, -CHAQUE SOIR -DANS TOUS LES THÉÂTRES DU MONDE..
IL EXISTE DEUX ALBERT CAMUS :..CELUI DES PASSIONS ET DU LYRISME ..ET L'AUTRE
                                                    
...Celui de l'absurde au style rigoureux et lumineux.

Voici une leçon d'écriture ,synthèse des deux : CAMUS sur les traces du Minotaure..un texte lyrique et passionné.. ( extrait de L'été )

" Sous le vent impérieux , nos voiles sont de fer.La côte dérive à toute allure devant nos yeux,forêts de cocotiers royaux dont les pieds trempent dans des lagunes émeraude,baie tranquille pleine de voiles rouges,sables de lunes.
De grands buldings surgissent,déjà lézardés,sous la poussée de la forêt vierge qui commence dans la cour de service ; çà et là un îpé jaune ou un arbre aux branches violettes crèvent une fenêtre. Rio s'écroule enfin derrière nous et la végétation va recouvrir ses ruines neuves où les singes de la Tujica éclateront de rire.


Encore plus vite,le long des grandes plages où les vagues fusent en gerbes de sable,encore plus vite,les moutons de l'Uruguay entrent dans la mer et la jaunissent d'un coup. Puis,sur la côte argentine,de grands bûchers grossiers,à intervalles réguliers, élèvent vers le ciel des demi-boeufs qui grillent lentement. Dans la nuit les glaces de la Terre de Feu viennent battre notre coque pendant des heures,le navire ralentit à peine et vire de bord.Au matin l'unique vague du Pacifique,dont la froide lessive,verte et blanche, bouillonne sur les milliers de kilomètres de la côte chilienne nous soulève lentement et menace de nous échouer.La barre l'évite,double les Kerguelen.
 Dans le soir doucereux les premières barques malaises avancent vers nous.


A la mer ! A la mer : criaient les garçons merveilleux d'un livre de mon enfance ,j'ai tout oublié de ce livre sauf ce cri " A la mer " et par l'Océan Indien jusqu'au boulevard de la mer Rouge d'où l'on entend éclater les pierres une à une, dans les nuits silencieuses,les pierres du désert qui gèlent après avoir brûlé, nous revenons à la mer ancienne où se taisent les cris  ".

                            
 L'été. La mer au plus près. Albert Camus -  Gallimard.Collection Folio 2 euros.2010.


VIE ETERNELLE. JEAN PAUZIN " PATRIARCHE DU WEB " 85 ANS;3 BLOGS.1250 ARTICLES ET BILLETS.